« Un chastel à La Chezotte, en ladite paroisse d’Ahun. »
Charles VII, roi de France, juillet de l’an de grâce 1459, Chinon.
Le château de la Chezotte se dresse proche du charmant petit bourg d’Ahun.
En empruntant le chemin qui mène à l’un des plus élégant ensemble médiéval du département de la Creuse, vous embrasserez, d’un seul regard, l’édifice encadré de tours et entouré de douves en eau, le magnifique parc à l’anglaise et, rarissime dans notre province de la Marche, le porche fortifié, surmonté de sa galerie défensive qui permettait au seigneur de rejoindre, depuis l’enceinte du château, la chapelle du XIIIème siècle.
C’est un modèle typique et un des exemples complets et particulièrement bien conservés des forteresses du XVème siècle ponctuant les plateaux de Haute-Marche.
Dès le portail passé, vous découvrirez plus précisément la grande cour d’honneur et le château, édifié au milieu du XVème siècle. Il se compose d’un donjon, tour-résidentielle de trois étages, bâti sur caves et surmonté de greniers, protégé par trois tours côté parc -deux rondes et la troisième carrée- et flanqué d’une quatrième tour carrée côté cour. Cette tour carrée abrite un escalier en vis desservant tous les étages, une innovation à l’époque. Elle est coiffée d’un gracieux lanternon culminant à plus de trente mètres.
Le chemin de ronde, ininterrompu, tout autour du château, est une autre particularité de La Chezotte.
Chaque étage comporte deux grandes pièces, telles qu’à l’origine, « salles basses » au rez-de-chaussée, « chambres hautes » aux étages et, dans les tours, de petites pièces, certainement autrefois cabinets ou garde-robes. Une flamboyante décoration néo-gothique orne le salon actuel.
La cuisine et le fournioux (bâtiment abritant le ou les fours) sont bâtis séparément du logis seigneurial pour mieux le préserver des risques d’incendies fréquents et ravageurs.
Bien que ses éléments de défense soient nombreux et remarquables, tels les tours, le chemin de ronde, les mâchicoulis, les meurtrières, les douves, le porche fortifié, le château de la Chezotte a été construit en temps de paix, à la fin de la guerre de Cent ans et bien avant les guerres de Religion.
On peut donc supposer que son bâtisseur, le trésorier de la Marche Jacques de La Ville, ait surtout songé à asseoir son rang et à peaufiner son image de financier récemment anobli, en faisant édifier, dans un lieu si paisible, une maison forte à l’allure aussi prestigieuse qu’ostentatoire, symbole de sa puissance. De ce personnage, nous ne savons pas grand-chose sinon qu’il aurait eu son procès, comme l’argentier du roi Charles VII Jacques Cœur, et aurait été condamné, par la Chambre des comptes, à une forte amende recouvrée par sa veuve et ses enfants.
Est-ce par nécessité matérielle, par malhonnêteté ou par bravade ? Deux des serviteurs de Jacques de La Ville, accompagnés d’une dizaine de gaillards, allèrent dans les bois de leur voisin, l’écuyer Jehan de Luchat, charger sur des charrettes le bois coupé, empilé et prêt à être mis en vente par le maître des lieux. Pris sur le fait, il y eut bagarre entre les voleurs et le propriétaire, aidé de son cousin appelé à la rescousse.
« Si vous me touchez, ribaud, je vous mettrai l’âme au soleil ! » cria Jehan de Luchat à l’un des serviteurs de la Chezotte avant de le transpercer (par accident…) de sa dague et de son épée… Charles VII le gracia par la suite.
Après avoir contourné l’édifice seigneurial et son donjon guerrier, traversé les douves, vos pas vous mèneront, à travers le parc, véritable écrin de verdure, dans un havre de sérénité. Quatre hectares de pelouse veloutée, d’arbres magnifiques aux essences variées, certains centenaires, le ruisseau Félinas serpentant en leur milieu, ponctué de cascades artificielles, les bancs épars et les romantiques vestiges d’une architecture séculaire en font une délicieuse invitation au repos du corps et de l’âme.
Découvrez le château en vidéo
Bienvenue à la Chezotte !
Retrouvez nos dernières actualités sur notre page Facebook et sur Instagram